Faire du sport lorsqu’on est atteint d’un cancer fait son chemin en France, où trois patients sur quatre continuent à pratiquer une activité physique en dépit de la fatigue liée aux traitements, selon une enquête publiée mercredi.
L'enquête a permis de montrer que 17% des personnes interrogées avaient démarré le sport au cours de leur maladie, contre 13% qui l'ont arrêté après le diagnostic.
Plusieurs études ont montré ces dernières années qu’une activité physique adaptée, pratiquée de manière régulière permettait de réduire les effets secondaires liés aux traitements anti-cancéreux, mais également de limiter les rechutes.Une large méconnaissance des programmes d’activités physique dédiés aux personnes atteintes d’un cancerMenée auprès d’environ 1.500 patients, dont une majorité de femmes souffrant d’un cancer du sein, l’enquête a permis de montrer que 17% des personnes interrogées avaient démarré le sport au cours de leur maladie, contre 13% qui l’ont arrêté après le diagnostic.
Mais au total 74% des patients ont continué à pratiquer une activité physique malgré leur maladie, selon l’enquête commanditée par la Fédération nationale CAMI Sport & Cancer, fondée en 2000 par le cancérologue Thierry Bouillet et le karatéka Jean-Marc Descotes.Parmi les bénéfices attendus de la pratique du sport, les patients citent en tête l’amélioration de la qualité de vie (99%), des chances supplémentaires de guérir (83%) et la préservation du statut social (67%).Mais le principal frein à la pratique sportive en cancérologie est la méconnaissance des programmes d’activité physique spécifiques, pourtant spécialement conçus pour les personnes atteintes d’un cancer. Seuls 55 % des patients connaissent leur existence et 67% des professionnels de santé reconnaissent manquer d’information sur l’offre d’activité physique et sportive. Résultat : la pratique d’une activité physique malgré un cancer résulte, dans l’immense majorité des cas (79%), d’une démarche personnelle ; à peine plus de la moitié des patients ont été conseillés par un médecin hospitalier, qu’ils jugent pourtant comme la personne la plus légitime pour le faire.Enfin, la fatigue liée notamment aux
chimiothérapies est en revanche le principal frein à l’activité physique (51%), suivie du manque de courage (41%), des idées reçues selon lesquelles “il faut se reposer” (36%) ou encore des douleurs (un tiers des patients).Les bénéfices avérés de l’activité physique contre le cancerSelon la CAMI, qui propose des cours de sport adaptés aux patients atteints de cancer et qui a même créé un diplôme universitaire Sport et Cancer, le sport réduit la fatigue liée au cancer qu’il soit pratiqué “pendant ou après” les traitements.En fabriquant de nouvelle fibres musculaires, l’activité sportive permet également de maintenir la masse musculaire “ce qui a pour effet de lutter contre la toxicité des traitements anti-cancéreux“, souligne la CAMI.Mais elle réduit également les risques de rechute et de mortalité : une méta-analyse a ainsi fait état d’un risque de mortalité réduit de 34% chez les femmes atteintes d’un
cancer du sein localisé et pratiquant une activité physique “suffisamment soutenue et régulière” (150 minutes par semaine en trois séances).Le même effet se retrouve chez les patients atteints de
cancer du côlon, à condition de pratiquer une activité encore plus soutenue.Autre effet notable selon la CAMI, le sport contribue à améliorer l’état psychologique des patients “en les réconciliant avec leur corps” et en renforçant les lieux sociaux.Pour une vraie reconnaissance du sport en cancérologieLa Fédération nationale CAMI qui compte une quinzaine de comités départementaux ou régionaux a soutenu activement l’idée d’un remboursement des activités sportives prescrites par les médecins, inscrit dans la “loi santé” votée en décembre dernier. Mais elle regrette que près de la moitié des patients ignorent l’existence de ce type d’activités et que 67% des professionnels de santé manquent d’information à leur sujet.L’enquête a été effectuée en 2015 auprès de 1.554 patients et de 894 soignants, dont 41% d’oncologues, avec le soutien du laboratoire de biotechnologies Amgen.