En Russie, des sites nucléaires menacés par les flammes

Alors que les Moscovites connaissent leur deuxième semaine de fortes chaleurs, conjuguées à une pollution hors-norme liés aux incendies, la situation devient alarmante dans l’Oural. En effet, les feux, directement responsables de 54 décès, menacent des installations nucléaires, faisant craindre de gigantesques explosions.

D’après Alexandre Frolov, directeur des services météorologiques russes, la Russie fait face en ce moment à “la pire canicule en mille ans“. En proie à la sécheresse, le pays affronte d’énormes incendies, que le manque de vent et les fortes températures (plus de 35°C) ont tendance à aggraver. Conséquence, le taux de mortalité est largement en hausse. A Moscou, les autorités ont reconnu lundi que la mortalité avait doublé à cause de la canicule et la pollution.En plus de ce grave problème sanitaire, les autorités russes doivent faire face à un autre problème, tout aussi inquiétant : les incendies menacent directement des installations nucléaires.- Tout d’abord, le centre nucléaire de Sarov, à 500 km à l’est de Moscou, où sont notamment fabriquées des armes atomiques. La cellule régionale anti-incendie, citée par les agences russes, a annoncé la mort de deux militaires qui luttaient contre des incendies. Mais selon un responsable ministériel, “il n’y a plus de foyers“ d’incendie.
– Un peu plus loin de Moscou, à 1 500 km à l’est, le centre militaire Snejinsk dans l’Oural, qui développe des armes nucléaires, est également menacé. D’après le ministère des Situations d’urgence, près de 500 hommes étaient mobilisés pour combattre le feu.
– A présent, c’est le centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak qui cristallise toutes les craintes. D’ailleurs, les autorités russes ont révélé avoir décrété l’état d’urgence dans le secteur trois jours plus tôt. Aujourd’hui, tous les services concernés vont se réunir pour coordonner la lutte contre l’incendie. Le gigantesque complexe de Maïak est capable de retraiter 400 tonnes de combustible nucléaire usagé par an. C’est également là que sont stockés de très grandes quantités de déchets nucléaires (lire notre article sur

les déchets nucléaires français exportés en Russie). Construit en 1945, il fût le théâtre, en 1957, d’un des plus graves accidents nucléaires de l’Union soviétique. Suite à une explosion, des particules radioactives s’étaient dispersées dans l’environnement, touchant plus de 260 000 personnes et nécessitant l’évacuation de plusieurs dizaines de milliers d’autres. Aujourd’hui, le spectre de cette catastrophe plane sur les autorités russes qui tentent à tout prix d’éviter le moindre incident.Après deux semaines d’incendies, les feux s’étendraient sur une surface de 175 000 hectares à travers la Russie. Néanmoins, les autorités se félicitent des progrès réalisés dans la lutte contre les incendies : “Nous continuons d’observer une tendance positive“, a déclaré Vladimir Stepanov, haut responsable du ministère des Situations d’urgence.Après avoir refusé l’aide internationale proposée par plusieurs pays, les autorités russes ont fini par l’accepter. D’ailleurs, un avion bombardier d’eau a décollé hier de France pour venir en aide aux pompiers russes.
Pour les quelque 10 millions de Moscovites, il faut s’adapter aux conditions particulièrement dangereuses pour la santé. Ils ont notamment l’obligation de porter un masque à l’extérieur et les autorités conseillent de ne pas sortir plus de 30 minutes, pour limiter les risques d’une infection des voies respiratoires.
Pour le moment, la France n’envisage pas d’évacuer ses ressortissants.Emeline DufourSource : Europe1.frPhoto : Moscou, 09 août 2010. © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA

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