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Reporters sans frontières (RSF) appelle la Cour constitutionnelle turque à ordonner la remise en liberté immédiate de Can Dündar et Erdem Gül. Les deux journalistes deCumhuriyetsont incarcérés depuis le 26 novembre 2015.
Alors que et
vont entrer dans leur deuxième mois de détention, la Cour
constitutionnelle turque doit prochainement examiner la légitimité de
leur incarcération. Les avocats des journalistes ont déposé deux recours
auprès de la juridiction suprême, le 7 et le 16 décembre. Ils dénoncent
entre autres des violations de la liberté d’expression et de la liberté
de la presse, garanties par la Constitution turque. Ils soulignent par
ailleurs l’absence de toute preuve de la culpabilité de leurs clients et
estiment que leur remise en liberté ne ferait courir aucun risque à
l’enquête.
Déjà un mois que Can Dündar et Erdem Gül sont derrière les barreaux pour n’avoir fait que leur travail ! déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Chaque jour qui passe ne fait que rendre ce scandale plus intolérable. Nous réitérons notre appel à la libération immédiate des journalistes et à l’abandon des charges absurdes qui pèsent contre eux.
Pour leurs révélations sur des livraisons d’armes
en Syrie par les services de renseignement turcs, Can Dündar et Erdem
Gül risquent la prison à vie. Le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet
et son représentant à Ankara sont accusés d’« espionnage », de
« divulgation de secrets d’Etat » et de « soutien à une organisation
terroriste ».
Poursuites tous azimuts
Can Dündar fait également l’objet de nombreuses autres
poursuites. Il a comparu le 17 décembre dans le cadre de deux procès
pour « insulte » au président de la République et à son fils, Bilal
Erdogan. Les articles incriminés évoquaient les allégations de
corruption qui ont éclaboussé le gouvernement en décembre 2013, avant
d’être étouffées. Le journaliste risque jusqu’à cinq ans et quatre mois
de prison dans ce dossier.
Dans un autre dossier, RSF a appris avec soulagement
l’abandon des poursuites pour « propagande terroriste » intentées contre
Can Dündar et 17 autres journalistes pour avoir repris, à des fins
d’illustration, la photo d’un procureur pris en otage
par un groupuscule d’extrême-gauche en mars 2015, pistolet sur la
tempe. Une décision éditoriale assimilée par le parquet à une forme de
soutien aux ravisseurs. RSF regrette que l’abandon des poursuites ne
soit liée qu’à un délai de prescription et souligne qu’elles n’auraient
jamais dues être intentées.
Cumhuriyet est lauréat 2015 du Prix RSF pour la liberté de la presse dans la catégorie “média”.