L'incontinence : il est urgent d'en parler !

Face à des envies pressantes, vous devez fréquemment courir aux toilettes ou vous relever la nuit… Vous avez peut-être une vessie hyperactive, comme plus de 20 millions d’Européens. Réellement handicapante, cette maladie bénéficie aujourd’hui de traitements efficaces. Seule condition : en parler à votre médecin !

On distingue plusieurs formes d’incontinence. Les plusfréquentes chez la femme sont l’incontinence urinaired’effort (fuite involontaire d’urine à l’occasion d’uneffort, non précédée du besoin d’uriner) etl’incontinence urinaire par impériosité,caractérisé par des envies pressantes que l’on nepeut réprimer.Une maladie sous-diagnostiquée
Selon la définition internationalement retenue par lasociété internationale de la continence (ICS),l’incontinence par impériosité (ou parhyperactivité vésicale) est «caractérisée par la perte involontaire d’urineprécédée d’un besoin urgent etirrépressible d’uriner, aboutissant à une miction quine peut être différée ». Dans ce cas, leproblème n’est pas mécanique (trop de pressionexercée sur la vessie suite à un effort abdominal),mais lié à un dysfonctionnement de la vessieelle-même. Cette dernière se contracte trop tôtet sans raison. Résultat : des envies trèshandicapantes d’uriner survenant de manière intempestivedurant la journée (pollakiurie) mais aussi la nuit(nycturie). Cette hyperactivité vésicale peut parfoiscacher une maladie (infection urinaire, polype, calcul dans lavessie, inflammation vaginale ou affections neurologiques), qu’undiagnostic approprié permettra d’écarter.
Loin d’être confidentielle, cette maladie toucherait selon devastes études épidémiologiqueseuropéennes (1) et américaines (2) plus de 16 % de lapopulation des plus de 40 ans. C’est ainsi près de 22millions d’européens qui ont des symptômesd’hyperactivité vésicale ! Cette maladie touche plusfréquemment les femmes que les hommes (17,4 % contre 15,6 %)et sa fréquence augmente avec l’âge dans les deuxsexes.
Mais bien souvent, l’hyperactivité vésicale restesous-estimée. Les personnes n’en parlent passpontanément à leur médecin, ce derniern’abordant pas non plus aisément le sujet…Une qualité de vie réellementaltérée
Mais le tabou qui entoure cette maladie est sans commune mesureavec son retentissement sur la vie quotidienne. Affectantprioritairement la qualité de vie des femmes (pour desraisons anatomiques), les patients, souvent jeunes, ont desdifficultés à mener une vie sociale, personnelle etsexuelle normale. Cette situation est vécue comme un vraihandicap. Plusieurs études ont évalué l’impactpsychosocial de l’hyperactivité vésicale(3). Car surce plan, c’est bien l’incontinence liée à unehyperactivité vésicale (à l’origine d’enviepressante) qui est plus délétère quel’incontinence liée à l’effort (4,5). Des liens entredépression et impériosités ont mêmeété mis à jour (6).
Plus de la moitié des incontinents n’oseraient pas en parlerà leur médecin. Alors, le silence s’installe, l’imagede soi s’altère de plus en plus au fil du temps… Enfin,les patientes craignent tant les besoins urgents qu’ellesréduisent leurs apports hydriques, juste pour pouvoir entreautres, aller faire quelques courses. Obsédées par depossibles fuites, certaines vont limiter les sorties entre amis,les voyages, le sport, les relations amoureuses, etc. Sans compterles envies qui vous rendent insomniaques de peur de mouiller lesdraps.
Lors du congrès 1997 de l’ICS, une étudesuédoise précisait que l’impact sur la qualitéde vie de l’hyperactivité vésicale était plusimportant que le diabète (7).Mieux prendre en compte le patient
Dans le cadre du congrès européen d’urologie, le Pr.Julian Shah de l’institut d’urologie de Londres insistait sur lanotion d’urgence mictionnelle ou d’impériosité. Plusque tout autre symptôme, c’est bien cette notion qui cause laplus grande gêne au patient, plus encore que laprésence de fuites.
Ainsi, en plus de normaliser les mesures standards urodynamiques dupatient, le traitement doit répondre à cette attente,sous peine de laisser le patient déçu de sa prise encharge.
« Mais face à cette demande, l’urologue est bien enpeine de quantifier un symptôme aussi subjectif quel’impériosité… Une échelle fiable,reproductible et facilement utilisable par le médecingénéraliste ou l’urologue reste à mettre aupoint » précise le Pr. Grise, chef du serviced’urologie de l’hôpital Charles Nicolle (Rouen).Malgré quelques essais (9), aucune échelle de ce typen’a été internationalement reconnue. Un nouveauquestionnaire d’auto-évaluation a étéprésenté lors du congrès européend’urologie par le Pr. Kelleher de Londres (8). Testé surplus de 200 patients, son utilité pourrait êtremultiple : dépistage, évaluation de la qualitéde vie, perception du handicap, satisfaction vis-à-vis dutraitement, etc. Mais seule une participation des professionnelseuropéens permettra de valider ce nouvel outil.Des traitements de mieux en mieux tolérés
Diminuer les urgences mictionnelles, agir sur le long terme,présenter une bonne tolérance… Tels sont lesobjectifs des traitements médicamenteux del’hyperactivité vésicale. Les plus courammentutilisés sont les anticholinergiques, dont lamolécule de référence est l’oxybutynine (10).Agissant sur le muscle vésical (détrusor), ilsdiminuent les contractions vésicales, entraînant uneréduction de la pression à l’intérieur de lavessie et une augmentation de la capacité vésicale(11).
Mais les effets secondaires de ces médicaments(sécheresse buccale, troubles cognitifs…) peuvent parfoisrebuter certains patients. Pour améliorer la prise encharge, de nouveaux composés présentant une meilleuretolérance apparaissent aujourd’hui (chlorure de trospium,toltérodine et le petit dernier la solifenacinebientôt commercialisée en France).Face à l’incontinence, des solutions existent ! Ne laissezplus ce trouble vous gâcher la vie, parlez-en à votremédecin, il dispose désormais d’armesthérapeutiques efficaces. Pour lever le tabou del’incontinence, l’association française d’urologie organisela deuxième semaine nationale de l’incontinence du 23 au 28mai prochain. De nombreuses manifestations seront organiséesà cette occasion, nous vous en reparleronsprochainement.David Bême
1 – BJU Int 2001 ;87 :760-766.
2 – World J Urol. 2003 ;20 :327-26
3 – Pharmacoeconomics. 1998 Nov;14(5):531-9.
4 – BMJ 1987 ;295 :528-529.
5 – BJU Int.2003 Nov ;92(7) :731-5.
6 – Neurourol Urodyn.2003 ;22(6) :563-8.
7 – Kobelt Nguyen G. et al 27th Annual Meeting of ICS, 1997
et Am J med, 1996 ;101 :281-290.
8 – Symposium satellite organisé par les laboratoiresYamanouchi.
9 – Neurourol Urodyn. 2003;22(1):7-16.
10 – Prise en charge de l’incontinence urinaire chez l’adulte enmédecine générale – ANAES – janvier 1995.
11 – Cochrane Database Syst Rev. 2002;(3):CD003781.Click Here: gws giants guernsey 2019

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